Sur mon ancien blog, hébergé chez Overblog, j'avais eu l'occasion de réaliser quelques interviews qui ne sont pas accessibles sur ce site. J'ai donc eu envie de vous les publier ici et, pourquoi pas, de retourner vers les auteurs concernés pour un nouveau temps de discussion quelques années plus tard (^-^)
On commence par Manon Fargetton, auteur chouchou que j'ai rencontré à ses tout débuts.
Elle a bien changé 6 ans plus tard et sa bibliographie ayant bieeeeeeeen grossi, j'ai envie de retenté l'expérience interview !
(je viens d'ailleurs de la voir ce matin au Printemps du Livre de Montaigu <3)
On commence par Manon Fargetton, auteur chouchou que j'ai rencontré à ses tout débuts.
Elle a bien changé 6 ans plus tard et sa bibliographie ayant bieeeeeeeen grossi, j'ai envie de retenté l'expérience interview !
(je viens d'ailleurs de la voir ce matin au Printemps du Livre de Montaigu <3)
[Interview publiée le 22 octobre 2012]
Petite présentation : Manon Fargetton est une jeune auteur de 25 ans qui a d'ores et déjà publié 3 romans chez mango. Le premier, paru en 2006
s'intitulait "Aussi libres qu'un rêve" et les deux suivants sont les deux premiers tomes de la série June. A l'occasion de la sortie de "June, t.2 : Le Choix", le 19 ctobre
dernier, et en attendant que je le chronique, voici ces quelques réponses à mes quelques questions (^-^)
(©Mina 'Etonnants Voyageurs 2012' - St Malo) |
Mina : Merci
beaucoup d'avoir accepté de répondre à ces quelques questions ; je garde
un excellent souvenir du premier tome de 'June' et à
l'occasion de la sortie du deuxième tome, le 19 octobre, revenons un
peu sur ton parcours.
Mina : Peux-tu te présenter en quelques mots ? (Je sais, c'est vague, mais profites-en pour dire tout ce qui te tient à coeur ^^)
Manon Fargetton : Bonjour ! D'abord, merci beaucoup de m'avoir proposé cet échange, c'est toujours un plaisir :)
Si j'ai bien compris c'est la séquence « I, me and myself »... Eh
bien allons-y, en vrac : enfant, j'ai rarement été aussi heureuse qu'au
beau milieu d'une tempête sur les remparts de
St-Malo, la ville où j'ai grandi et noirci de nombreuses pages.
Je joue du violoncelle depuis mes huit ans, même si j'ai
malheureusement tendance à le délaisser un peu ces dernières années – on
ne peut pas tout faire, paraît-il, et cette non-élasticité du
temps est quand même une sacrée injustice de la vie, mais aussi
l'une des plus belle, parce qu'elle nous pousse à nous bouger pour faire
des choses avant qu'il soit trop tard...
Quoi d'autre... J'ai terminé des études de théâtre il y a un peu
plus d'un an, et depuis, je travaille comme technicienne lumière et
régisseuse dans différents théâtres parisiens.
Une information absolument sans intérêt : je chante sous ma douche,
et il m'arrive très régulièrement de danser toute seule dans ma salle de
bain.
Sinon, il faut que je me remette aux arts martiaux, parce que ça me manque furieusement.
En ce qui concerne les à-côté, dès que je rentre en Bretagne, je
fais du surf, de la plongée sous-marine, et des fondants au chocolats
(comment ça, ça n'a aucun rapport ? Je vous jure qu'un
fondant au chocolat sur le bateau quand on remonte d'une plongée,
c'est appréciable!) Et le reste du temps, j'écris des romans.
Il y aussi pas mal de trucs que je ne sais absolument pas faire. Par
exemple je suis une vraie naze en dessin. Mais alors vraiment naze,
hein. Je ne sais pas non plus sculpter les nuages ou
piloter un bateau volant. Heureusement, je peux créer des
personnages qui savent faire ce genre de truc, comme ça je se suis pas
trop frustrée !
Ah ! oui, et les dragibus bleu sont infâmes. Un détail qui a son
importance, car rien de tout ce que je viens d'écrire ne se trouve là
par hasard : le violoncelle – et la musique en général
– a un rôle important dans le deuxième tome de June. Les rafales des
tempêtes malouines, les arts martiaux, et mes divagations
universitaires sur les flux d'énergie, se sont associés pour donner
naissance au Souffle, le pouvoir des Sylphes dont June hérite
lorsqu'elle est encore petite fille. J'ai esquissé tellement de scènes
de mes romans en dansant dans cette salle de bain minuscule
qu'il fallait que je l'évoque – rendons au lavabo ce qui appartient
au lavabo... Ceux qui ont lu le premier tome savent pourquoi je parle de
bateaux volants, de sculpture de nuages, ou du dessin
(Jonsi...). Et concernant ce deuxième opus qui est en cours
d'atterrissage chez vos libraires, j'ai écrit une scène-clef en jouant
frénétiquement aux billes sur mon bureau avec des dragibus bleus
(qui sont décidément immangeables et ne peuvent servir qu'à jouer
aux billes). Je ne sais pas si ça sentira dans l'écriture, mais c'était
intense ! Quand à la référence au surf et à la plongée
sous-marine, il va falloir attendre le troisième tome pour
comprendre...
Citer le fondant au chocolat, par contre, était un acte complètement gratuit. ^^
M : 'June' est
donc ton deuxième roman puisqu'à seulement 18 ans, tu avais déjà publié
"Aussi libres qu'un rêve", déjà chez Mango ; d'où te
vient cette passion de l'écriture ?
Manon : De la lecture, j'imagine. J'ai été une
dévoreuse de livre toute mon enfance (enfin une « écouteuse », d'abord,
avant de savoir lire moi-même), et cet appétit vorace n'a
fait que croître à l'adolescence. Aujourd'hui encore, je n'ai plus
autant de temps à consacrer à la lecture, mais je me débrouille pour en
trouver. Mon goût des histoires vient de toutes celles
que j'ai engrangées.
Mais l'envie d'écrire... je ne sais pas. J'ai écrit dès que j'ai su
former des lettres (j'ai encore le tout premier poème que j'ai rédigé,
au CP!). En primaire et au collège, j'étais focalisée
sur l'écriture de chansons, et plus rarement de poèmes. Mon écriture
a toujours été liée à la musique, tout particulièrement au chant.
C'est au lycée que j'ai eu l'idée qui a engendré mon premier roman
(« et si notre métier était déterminé par notre date de naissance ? »),
et je me suis lancée. Curieusement, pour moi, écrire une
chanson et écrire un roman, sont des chemins très similaires. Mes
romans partent généralement d'une ou plusieurs chansons d'où naissent
des problématiques, des personnages, des situations, qui se
développent jusqu'à former une histoire.
L'envie d'écrire des romans se niche là, je crois : dans l'envie de
raconter des histoires, de faire exister des personnages, et dans le
plaisir de malaxer les mots.
M : J'ai appris que tu travaillais dans le monde du théâtre, cela t'aide-t-il dans l'écriture ?
Manon : Oui et non. Pas directement, disons, mais
bien sûr tout est lié. Expérimenter le jeu d'acteur pendant mes études
m'a donné des clefs concernant les dialogues, la gestion
de l'espace, et l'écriture en général car la langue théâtrale est
d'une richesse inouïe. J'ai rencontré dans ces textes des personnages et
des auteurs qui m'ont profondément marqués, d'autant
plus que je me suis appropriée leurs mots, que je les ai fait miens
pour les restituer.
De même, le travail de celui qui créé la lumière d'un spectacle
consiste à guider le regard des spectateurs, créer des zones d'ombres
pour mettre en évidence certains éléments, en donnant aussi
la liberté au spectateur de se faire son propre spectacle, suivant
le siège qu'il choisi d'occuper dans la salle ou ce à quoi il veut
accorder de l'attention. Ce n'est finalement pas si différent
du travail de l'écrivain. Chaque spectateur se fait son spectacle en
le regardant, chaque lecteur réécrit le livre en le lisant. Au théâtre,
la lumière est une écriture de l'espace. Au lieu d'un
crayon ou d'un clavier, j'ai des projecteurs. Mais cela revient un
peu au même. La grande différence, c'est que l'écrivain créé de manière
essentiellement solitaire, alors qu'un spectacle est
toujours le fruit d'un travail d'équipe.
M : Comment est né l'univers enchanteur où évolue June ?
Manon : De deux idées, deux envies qui se sont
télescopées si fort qu'elles ont fusionné : l'envie de parler de
l'invisible, et celle d'évoquer la disparition d'un peuple. Ce
peuple est devenu celui des Sylphes, gardiens de l'harmonie dans
l'invisible.
Des centaines de questions sont nées de cette fusion, des « pourquoi
», des « comment », qui ont peu à peu construit l'univers de June. Mais
l'origine de tout est ce big bang interne, collision
improbable d'où a émergé le premier fil de ce roman.
M : As-tu des auteurs préférés qui t'ont inspirée ?
Manon : Il y en a une douzaine dont je suis
consciente qu'ils ont une influence sur mon écriture, et probablement
bien d'autres qui sont là, tapis dans l'ombre de mon cerveau,
sans que je le sache. Je pense à des écrivains jeunesses grâce à qui
j'ai découvert la SF et la fantasy (Phillip Pullman, Danielle
Martinigol, Christian Grenier...), d'autres que j'ai connu plus
tard (Pierre Bottero, Erik l'Homme...), des piliers de fantasy que
j'ai lu et relu (R.E.Feist, Herbert, Zelazny...), des auteurs de
littérature « générale » et de théâtre (Henry Bauchau, Brecht,
Sarah Kane...).
Bref, beaucoup de monde (et de mondes!).
Mais je crois que les lectures qui m'ont le plus marqué, celles qui
ont forgé mon imaginaire, ce sont les albums que j'ai lu enfant, ces
pages dans lesquelles je me suis perdue et retrouvée, ces
mots et ces dessins que j'ai parcouru des centaines de fois sans
jamais m'en lasser. Dans mon petit Olympe personnel, vivent Claude
Ponti, Claude Clément, Chris Van Allsburg, Antonia Barber et
Nicola Bayley.
M : June est un
personnage discret mais on remarque rapidement que l'eau boue sous la
glace ; que représente le personnage de June pour toi
?
Manon : Hum. C'est de loin la question la plus
difficile de cet interview. Sur beaucoup d'aspects, June me ressemble,
mais je pourrais dire la même chose de Nathanaël, Johannes,
Maxence ou Locki. Tous sont un bout de moi, et un bout d'autre chose
que je ne maîtrise pas. La différence, c'est que lorsque je me mets
dans la peau de June, j'écris à la première personne. Je
ne saurais pas dire si cela la rapproche de moi, ou bien si,
paradoxalement, cette proximité l'éloigne de ce que je suis, comme
lorsqu'à trop coller quelque chose, on finit par le voir flou.
Parfois, June m'agace, j'ai envie de la secouer, de lui foutre des
baffes pour qu'elle se reprenne. Et puis parfois elle m'émeut aux
larmes, par surprise, sans que je l'ai prémédité, parce
qu'elle a cette colère tout au fond, une flamme qui ne s'éteint
jamais, lointain écho de son passé. Je ne saurais dire ce qu'elle
représente pour moi. Dans quelques années peut-être, avec du
recul... Aujourd'hui, tout ce que je sais, c'est que ce personnage
est devenu un être à part entière qui vit dans mon esprit, mais aussi
bien au-delà, partout où elle est lue et aimée. Elle a
grandit dans mon giron, elle s'en échappe pour vivre sa vie, et
c'est un vrai bonheur !
M : Tu m'as
confié avoir écrit le deuxième tome de cette série en partant d'une
chanson ; la musique tient-elle une place importante dans tes
romans, voire dans ta vie ?
Manon : Oui, une grande part ! Et ça a commencé tôt
! Petite, je saoulais tout le monde parce que je n'arrêtais pas de
chanter. Mes parents ont décidé de me mettre à la musique,
et j'ai choisi le violoncelle. Résultat : plus de dix ans de
conservatoire. Outre le violoncelle, j'ai fait quelques années de
percussions, de l'orchestre, de la musique de chambre... Ado, je
passais presque autant de temps au conservatoire qu'à l'école ! J'ai
levé le pied lorsque j'ai quitté Saint-Malo pour faire mes études, mais
évidemment, cette formation musicale reste ancrée en
moi, et si je joue beaucoup moins qu'à cette époque, la musique est
et me sera toujours indispensable.
Quand à la chanson à l'origine du deuxième tome de June, en réalité,
il s'agit plus d'un texte scandé que d'une « chanson ». Tu le
retrouveras à plusieurs moment au cours du roman, mais je ne
peux pas en dévoiler plus sans spoiler !
M : Petit plus : est-ce que tu écris en musique ? si oui, que préfères-tu écouter ?
Manon : Il y a encore un an, je n'arrivais à écrire
que dans le silence absolu. Depuis, j'ai été amenée à travailler dans
tout un tas d'endroits où il y a du passage (gares,
aéroports, cafés...), et mettre un casque sur mes oreilles pour
m'isoler est devenu indispensable. Je ne peux pas dire que « j'écoute »
la musique en écrivant, mais je l'entends. En fait, elle
forme comme une bulle de son et de calme autour de moi, nécessaire à
ma concentration. Et ce qui est curieux, c'est que je mets toujours le
même album, qui est devenu ma « musique d'écriture »
officielle ! Il s'agit d'électro assez minimaliste où se mêlent des
mélodies discrètes, des voix, des rires et des sons du quotidien comme
des claquements de portes ou des bruits de pas... Le
compositeur s'appelle James Vella, mais il a sorti cet album sous le
pseudonyme « A Lily », et l'album en question s'intitule Wake:Sleep. Je
mets un lien pour ceux qui ont envie d'écouter ce que
ça donne : http://www.youtube.com/watch?v=bff91ETvkGU&feature=related
M : Pour en revenir à 'June', pourquoi les Sylphes ?
Manon : J'ai expliqué tout à l'heure que June était
né, entre autres, de l'envie d'évoquer la disparition d'un peuple.
J'avais une scène très précise en tête, celle d'une
créature à la peau d'écorce, agonisante sur la branche d'un arbre.
Elle est la toute dernière des siens, elle sait qu'elle va disparaître
dans les minutes qui viennent, sans avoir pu transmettre
les pouvoirs de son peuple. Mais il lui reste un espoir immense,
celui que quelqu'un passe à sa portée pour accueillir ces pouvoirs, afin
qu'un jour, son peuple puisse être rappelé sur ces
terres, mettant fin à leur exil forcé. Cette scène est devenu la
toute première séquence de June, et cette créature mourrante est devenu
une Sylphide de manière... assez surprenante !
Quand j'ai imaginé cette créature, dans ma tête, je l'avais appelée «
Syphle », et je croyais la créer de toutes pièces. Et puis je me suis
calée derrière mon ordinateur. J'ai commencé à fouiller
la toile, et au hasard de mes recherches, je suis tombée sur les
Sylphes, qui étaient si proches de mes créatures, à la fois par leur nom
et par leurs caractéristiques, que j'ai décidé de les
adopter !
Mes Sylphes sont donc devenus des gardiens de l'harmonie. Leur peau
est semblable à l'écorce des arbres, mais tout leur corps est traversé
de liserés verts qui s'illuminent lorsqu'ils se servent
du Souffle. Ce sont des êtres pacifiques, qui captent les pensées
des humains et sculptent les nuages, comme pour répondre à nos
divagations existentielles... Non, si ce nuage ressemble à un
nounours, et celui-là à une sorcière, ce n'est pas un hasard : c'est
l’œuvre des Sylphes, assurément !
M : Que ressens-tu face aux nombreux retours positifs de tes lecteurs ?
Manon : Du plaisir, évidemment, je suis heureuse
que ce roman trouve un écho ! Un peu de trouille aussi, celle de ne pas
être à la hauteur la fois suivante – mais pour ça, je me
soigne, une thérapie à base de baffes et de travail acharné... Et
puis ça me donne envie d'aller plus loin, d'expérimenter d'autres
choses, de revenir à la science-fiction, de tester des univers
différents... En espérant que les lecteurs continuent à me suivre et
expérimentent avec moi !
M : Tu as commencé à écrire très jeune, quel(s) conseil(s) donnerais-tu à ceux qui voudraient se lancer dans l'aventure ?
Manon : Il n'y a qu'un seul conseil à donner à
quelqu'un qui veut écrire : écrit ! Sans attendre, parce que personne ne
le fera à ta place.
Maintenant, il y a écrire pour soi, et écrire pour les autres. Si
quelqu'un désirait publier ce qu'il écrit, je lui conseillerais de bien
cibler les maisons d'éditions qui pourraient correspondre
à son projet, puis d'aller rencontrer les éditeurs en salon, parce
qu'ils s'y trouvent, et avec un peu de chance, ils seront suffisamment
disponibles pour discuter. Cela permet d'éviter les
intermédiaires...
M : Quels sont tes projets pour la suite ?
Manon : Déjà, terminer le troisième tome de June
qui doit sortir au printemps 2013, cela va encore me prendre quelques
mois. Et puis en parallèle, deux autres projets pointent
leurs nez, un cycle de fantasy, et un one shot jeunesse qui est de
l'anticipation à très très court terme, tellement court que ce que
j'imagine est peut-être déjà en train de se produire quelque
part dans le monde...
M : As-tu des dédicaces prévues prochainement ?
Manon : Oui, au salon du livre jeunesse de Montreuil en novembre !
M : Et le mot de la fin sera...
Lampadaire ! (Ben quoi ? C'est un joli mot, non ?)
;-)
Merci beaucoup pour cet échange
Manon, ce fut un plaisir de lire tes réponses et j'avoue que, si mon
porte-monnaie ne faisait pas des siennes, le deuxième tome
de June serait déjà acheté et lu (^-^)
En tout cas, c'est un plaisir de
t'avoir rencontrée, j'espère qu'on se reverra bientôt et que tu
continueras longtemps à partager ton univers.
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Au plaisir de vous revoir par ici (^-^)